Membre de la majorité gouvernementale, le Mouvement populaire (MP) tiendra du 28 au 30 septembre prochains son 13e Congrès. Sans rompre avec son positionnement, l'un des plus vieux partis marocains pourrait renouveler sa direction à cette occasion.
a commission préparatoire du 13e Congrès du MP s’est réunie le 4 août dernier à Rabat. C’était sa deuxième rencontre en cinq mois après celle du 7 avril. Composée des membres du Bureau politique avec le député de Ouarzazate Said Ameskane à sa tête, cette commission s’est notamment penchée sur l’amendement du règlement intérieur du parti.
« Le résumé des travaux a été exposé au Bureau politique non pas pour statuer
sur les décisions prises – car la commission est indépendante -, mais pour
consulter et recueillir l’avis de tous, » fait
savoir Said Ameskane. Il ajoute que « la sous-commission des règlements et lois s’est réunie plus de 15 fois
avant de préparer le texte définitif ».
La révision des statuts du parti a surtout
concerné les conditions d’éligibilité du futur secrétaire général de la
formation. Les prétendants à cette fonction seront désormais exemptés de tout
passage par le bureau politique du parti, ou encore de l’obligation d’y avoir
siégé pendant une période minimum d’un an.
Si cette dernière condition ouvre la voie
à l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohmed Hassad pour prendre les rênes du
parti à l’épi, rien n’exclut une candidature de Mohand Laenser, patron de la
formation depuis 32 ans et héritier de Mahjoubi Aherdan, le fondateur du MP.
Un vieux lion toujours
en course ?
« Je n’ai pas encore pris ma décision, mais je la rendrai publique à
l’approche du congrès », nous déclare
le secrétaire général sortant Mohand Laenser. Actuel président de la région
Fès-Meknès qui renferme plusieurs fiefs Harakis menacés ou en recul, il nous
explique que son choix « dépendra d’une combinaison de plusieurs éléments : les candidats
potentiels, le sentiment au sein de la famille MP ainsi que [mes] contraintes
personnelles qui peuvent pousser dans un sens ou dans l’autre ».
Malgré ses trois décennies passées aux
commandes, et des déclarations
qui laissaient entendre un retrait la vie politique à
l’issue de son mandat de président du conseil régional, la reconduction du
natif d’Imouzzer Marmoucha à la tête du MP ne souffre d’aucune irrégularité sur
le plan juridique. « C’est ce que
m’a fait entendre la Commission préparatoire qui analysait les statuts
internes. Nous sommes engagés dans la nouvelle loi sur les partis politiques
qui s’applique pour nous à partir de 2014, puisque nous avons fait le congrès
de l’adaptation en 2013, » nous
précise-t-il.
Mohand Laenser affirme accepter un climat
de concurrence, mais il insiste également sur un bilan d’étape à effectuer
durant le rendez-vous de fin septembre. « Il faudrait voir si la perte de
quelques places fortes n’est pas de notre faute. D’autant plus que nos bases
restent assez solides et qu’il faudrait revoir l’encadrement et le choix des
candidats dans chaque circonscription, » annonce-t-il.
S’agissant de ses soutiens, l’homme fort
du MP affirme ne compter que sur le seul plébiscite des congressistes, s’il
décide de se présenter une nouvelle fois. « Il faut admettre que ça peut ne pas
marcher cette fois-ci. Mais quand on ne veut pas perdre, on reste chez
soi », philosophe-il.
Néophyte mais chevronné
Autre sérieux prétendant sans l’avoir
officiellement annoncé, Mohamed Hassad se voit en mesure de challenger Laenser
après l’amendement de l’article 50 du règlement interne du MP. Celui qui
interdisait à un membre de se porter candidat à la chefferie du parti moins
d’un an après son adhésion.
Aussi bien avant qu’après son limogeage du
ministère de l’Education national en octobre 2017 suite à la remise d’un
rapport de la Cour des comptes au roi Mohammed VI sur les projets du programme
Al Hoceima Manarat Al Moutaouassit, Hassad a pris part à un ensemble de
réunions au niveau central et provincial. Une preuve d’implication selon de
nombreux dirigeants.
« Hassad est un homme dynamique et de parole. Depuis sa venue, il a contribué
à régler plusieurs dossiers internes restés en suspens, en plus d’effectuer
plusieurs déplacements dans les régions, » nous
témoigne Adil Essoubai, député MP de Safi. Conscient du poids et de l’emprise
de Mohand Laenser sur le parti, notre interlocuteur estime que ce dernier
« pourrait céder
sa place, s’il le veut à Hassad, voire l’aider à mettre en place une nouvelle
équipe. Mais s’il était candidat, Laenser partirait largement favori ».
Cet avis n’est pas partagé par tous les
Harakis, dont certains voient déjà dans l’ex ministre de l’Intérieur le prochain
chef de parti. C’est le cas de Mustapha Aslalou, membre du Bureau politique. A
l’occasion du débat ayant suivi l’exposition de la Commission préparatoire le 4
août, il a exigé la distribution du rapport organisationnel du Congrès à tous
les membres pour s’« assurer de la
validité de l’orientation consistant à appliquer l’amendement de l’article 50
du Statut interne à partir du 13e Congrès et non à partir du 14e en 2022, et
déterminer les modalités de nomination et de vote ».
Figure d’outsider
Le président du groupe parlementaire MP
Mohamed Moubdii est l’autre dirigeant Haraki à ne pas exclure la possibilité de
présenter sa candidature. « Nous peaufinons les derniers points juridiques qui vont encadrer
notre congrès. Ce n’est qu’ensuite que chacun se penchera sur le bilan en
préparant un projet ou en adhérant à un autre, » nous avise-t-il. Ne comptant pas, dans un premier temps, se
prononcer en faveur de Laenser ou de Hassad, l’élu de Fkih Ben Salah souhaite
garder toutes ses chances afin de créer la surprise.
Pour lui, « les compétences du futur chef
doivent aller de pair avec les exigences du moment. Le MP a ses spécificités,
marquées notamment par l’esprit d’entente entre ses membres. Nous savons faire
preuve de proactivité bien avant la tenue de nos congrès ».
Se défendant de vouloir réduire cet
événement à une simple élection du secrétaire général, Moubdii considère que le
MP s’est « lancé dans une
profonde phase de gestation, comme en atteste les discussions qui ont eu
lieu au sein de la Commission préparatoires » dont il
est également membre. Des réunions « sérieuses, responsables, démocratiques et libres » d’après lui.
En clair, deux choix s’imposent au MP selon l’ex ministre de la
Fonction publique : « soit le renouveau soit la continuité en posant des mécanismes de prise de
décision collective ». Tout comme Laenser dans ses
points d’ancrage au Moyen-Atlas et Hassad pour le Souss et l’Anti-Atlas,
Mohamed Moubdii compte s’appuyer sur les bases du parti dans la région du
Tadla-Azilal (dont il est vice-président) pour espérer devenir le troisième
patron d’une formation politique née en 1959.
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